Deux hommes et deux femmes sont sur un décor de théâtre, une étagère remplie de bidons d'eau, lumière blanche en contre jour.

Du piment dans les yeux

Simon Grangeat / Antonella Amirante

2019
présentation

             Du piment dans les yeux est l'histoire croisée d'un jeune homme et d'une jeune femme, tous deux partis sur les routes pour tenter l'aventure d'une vie meilleure. Elle fuit la guerre, lui est mû par une inextinguible soif d'apprendre et de continuer à étudier, qui le rend capable de braver tous les dangers. D'une séquence à l'autre, nous suivons en alternance le parcours de ces deux jeunes gens qui affrontent notre monde et - sans résignation - luttent pour se construire une existence digne.

          Lorsqu'Antonella Amirante m'a proposé de mettre en lumière Du piment dans les yeux, j'ai tout de suite été captivée par l'histoire portée au plateau. Le thème de l'exil est au cœur de ce récit contemporain. Durant leur périple, les deux personnages affrontent la chaleur du désert, les barbelés des frontières, ils sont en permanence confrontés à la violence sociale. La lumière avait un rôle primordial pour faire parvenir l'aridité de cet environnement ainsi que la dureté des épreuves endurées. 

distribution

Texte Simon Grangeat
Mise en scène Antonella Amirante
Assistanat mise en scène Léa Ferrari
Regard chorégraphique Mickael Phelippeau
Avec Vanessa Amaral, Sandra Parfait, Jean-Erns Marie-Louise, Mohamed Zampou
Son et vidéo Nicolas Maisse
Lumière Juliette Besançon
Assistanat lumière Antoine Vitte
Scénographie et costumes Elsa Beleguier
Construction décors César Chaussignand, Quentin Charnay

Compagnie Anteprima

Photo de couverture © Nicolas Maisse

Un homme et une femme assis sur une ligne de bidons blancs, deux autres autour d'eux debout, lumière intense et froide.
Passage aux frontières © Nicolas Maisse
Homme et femme allongés au milieu de bidons d'eau sur le sol, lumière en contre silhouette, photographie noir et blanc.
Gros plan sur les pieds d'un homme debout sur des bidons d'eau posés au sol, lumière contrastée, photographie noir et blanc.

          Au milieu du plateau, un grand mur de bidons se dresse devant nous. Cette scénographie, support de projection pour les images vidéos de Nicolas Maisse et la lumière, a permis de faire voyager le spectateur dans l'univers des protagonistes. Ces gros contenants d'eau, symbole de survie au milieu du désert, finissent par recouvrir le sol. En se mélangeant aux corps des interprètes, cette matière a permis de révéler toute la dangerosité du monde qui les entoure. En jouant avec les reliefs et les contrastes, j'ai pu expérimenter plusieurs formes d'éclairage. A chaque étape du voyage, l'ambiance lumineuse évolue, s'obscurcissant jusqu'à la scène finale, au milieu de l'immensité de la mer Méditerranée.

Un homme et deux femmes de profil assis sur une étagère remplie de bidons, décor de théâtre pour projection vidéo, lumière froide.
Mohamed Zampou, interprétant son premier rôle sur scène © Nicolas Maisse
Deux hommes et deux femmes assis sur une étagère remplie de bidons, décor de théâtre pour projection vidéo, bidons au sol au premier plan, lumière froide.
Dans la forêt de Oujda © Nicolas Maisse

            Du piment dans les yeux, fiction théâtrale écrite par Simon Grangeat, s’appuie en partie sur l’histoire de Mohamed Zampou dans laquelle il interprète son propre rôle. Cet enfant, né en Côte-d’Ivoire de parents burkinabés, a quitté l’Afrique avec pour seul objectif de poursuivre ses études. Il doit soudainement interrompre sa scolarité pour des raisons essentiellement financières et liées à sa nationalité d’origine. Or, son besoin d’étudier est trop fort ! Il ne voit pas d’autre solution que de partir. Il s’embarque alors pour un parcours de plus d’un an et de près de 7000 kilomètres (à pied, en bateau, en train, souvent clandestinement…).

Homme debout en équilibre sur des bidons d'eau, lumière bleue.
Homme sur bidons d'eau, jambes tendues et mains au sol, lumière bleue.
Bidons d'eau faisant partie du décor sur une scène de théâtre, lumière bleue.

          L’émigration des côtes d’Afrique vers l’Europe est un des sujets que je voulais porter au théâtre depuis déjà quelque temps sans trouver le texte qui me permettrait d’aborder ce drame contemporain avec le regard que je souhaitais. Je cherchais un angle précis pour le faire mien et partager l’histoire de cette immigration. Une histoire que me permet de trouver la nécessité de la création. C’est lorsque j’ai rencontré Mohamed que le projet a commencé à prendre forme et trouver tout son sens, comme une évidence. Mohamed ce n’est pas une fiction, Mohamed fait aujourd’hui partie de ma vie, Mohamed a traversé plusieurs frontières et risqué sa vie pour assouvir un besoin de savoir et de connaissance, Mohamed sait la nécessité d’apprendre pour vivre !

Antonella Amirante