Après une explosion, six mortes au sol, un homme au loin dans la fumée, lumière éblouissante et froide.

War and Breakfast

Mark Ravenhill / Jean-Pierre Vincent

2014
présentation

        Les neuf courtes pièces qui composent le recueil War and Breakfast sont extraites de Shoot / Get Treasure / Repeat, fresque montée au fil des jours, à l’heure du petit déjeuner, pendant le Festival d’Edimbourg 2007, sous le titre Ravenhill for Breakfast. Jean-Pierre Vincent les a choisies parmi les dix-sept textes existants pour les créer en français en 2014 avec des étudiants de l’ENSATT. Ce sont des pièces d’agit-prop, des comédies grinçantes qui s’attaquent avec lucidité et insolence aux travers profonds d’une société sûre d’elle-même, aux violences cachées sous la bonne conscience.

        Pour clôturer ma formation à l'ENSATT, j'ai eu le privilège de travailler sur une mise en scène de Jean-Pierre Vincent. Cette forme itinérante qui investissait le bâtiment, était présentée dans quatre lieux. Pour chaque espace scénographique, il fallait trouver l'éclairage qui traduirait au mieux l'atmosphère des scènes. Les situations présentées, parfois violentes, dévastatrices, dérangeantes et souvent drôles, m'ont beaucoup plu. Mettre en lumière cette pièce m'a permis de faire mes armes. Je suis très reconnaissante à Jean-Pierre Vincent de nous avoir transmis son expérience théâtrale.

 

distribution

Texte Mark Ravenhill
Mise en scène Jean-Pierre Vincent
Dramaturgie Bernard Chartreux
Assistants à la mise en scène Adrien Dupuis-Hepner, Julie Guichard et Louise Vignaud
Régie générale Damien Rabourdin
Scénographie Camille Allain Dulondel et Anabel Strehaiano
Lumière Juliette Besançon et Louise Brinon
Son Colas Fuchs et Antoine Prost
Costumes Eva Alam, Cécile Box et Lison Frantz
Avec Jérôme Cochet, Pauline Coffre, Ewen Crovella, Charlotte Fermand, Thomas Guené, Daniel Leocadie, Clémence Longy, Solenn Louër, Maxime Pambet, Manon Payelleville, Noémie Rimbert, Théophile Sclavis

ProductionENSATT et Nuits de Fourvière

Photo de couverture © David Anémian

Une femme morte allongée sur une table, dans les bras d'une autre, sous une tente de guerre, lumière rasante.
Le crépuscule des dieux © David Anémian
Une femme danse la bouche en sang, derrière sept personnes l'applaudissent, lumière intense et solaire.
Naissance d’une nation, dans une ville en ruine © David Anémian

         Dans la pléiade des auteurs anglais d’aujourd’hui, Mark Ravenhill est dans le peloton de tête, sinon le premier de tous : cinglant, polémique, satiriste, bourré d’un humour ravageur, parlant du monde entier à partir du moindre secret de nos vies privées. Dans la série de courtes pièces écrites pour le Festival d’Edimbourg 2007, dont nous avons extrait ces huit comédies noires, il s’en prend à la bonne conscience de la middle class anglo-saxonne face au «terrorisme» et à l’invasion de l’Irak, à la croyance naïve qu’imposer «la liberté et la démocratie» au Moyen-Orient résoudra tous les problèmes. Mais plane aussi, comme une ombre, la possible ou fantasmatique guerre civile entre riches et pauvres dans notre bienheureuse Europe.

Jean-Pierre Vincent

Femme allongée sur le sol, un homme avec des ailes d'ange l'embrasse, lumière franche et blanche.
Baiser de l'ange © Loll Willems
Trois femmes inanimées sur le sol, un homme avec des ailes au loin dans la fumée, lumière froide et brumeuse.
Pourquoi vous nous faites sauter ? © David Anémian

             War and Breakfast, c’est presque quatre heures de théâtre qui nous emmènent dans plusieurs espaces scéniques dûment aménagés sans que ne se fasse sentir une seule seconde d’ennui. Chaque pièce nous plonge dans une ambiance particulière décrivant les répercussions de la guerre d’Irak aussi bien dans la société anglaise que sur les lieux des opérations. Ce que montre Ravenhill avec une acuité qui fait froid dans le dos, ce sont les hypocrisies, la violence de l’Occident qui impose sa conception de la démocratie et de la liberté par la force.
L’interprétation est à la hauteur des enjeux dramatiques d’un texte écrit à l’encre la plus noire qu’il se puisse imaginer. Tandis que la mise en scène met en avant l’intelligence des situations où se révèlent certaines vérités peu confortables. On en ressort secoués mais avec la certitude que l’on a vécu là un moment de théâtre politique inoubliable.

Caïn Marchenoir, Lyon Capitale, 27/06/2014

Épave de voiture sur les ruines d'une ville, fumée et lumière ambrée.
Naissance d’une nation © David Anémian
Femme inanimée au sol, fumée au dessus d'elle, lumière intense et froide.
Pourquoi vous nous faites sauter ? © David Anémian