Six comédiens se roulent au sol, ambiance lumineuse rouge

Le conte d'hiver

William Shakespeare / Sylvain Levitte

2023
présentation

          Qui d’autre mieux que Shakespeare sait dépeindre l’humain et ses pulsions irrépressibles ? Léontes, roi de Sicile, dévoré de jalousie, accuse sa femme de porter l’enfant de son meilleur ami. Elle accouche d’une petite fille, le « traître » fuit en Bohème où il a un enfant qui, seize ans plus tard tombe amoureux de la prétendue bâtarde.  C’est la troisième pièce du maître élisabéthain que monte Sylvain Levitte, conscient de leur résonance avec la société contemporaine. À bonne école avec Peter Brook, qu’il assiste depuis 2020, il pense un espace quasi vide qui place les corps au cœur du jeu et salue la langue de Shakespeare. Il nous fait entrer dans l’humanité trouble de Léontes, ses fantasmes et ses visions, nous fait vivre son parcours de l’horreur à sa quête de rédemption.

          Mettre en lumière cette œuvre Shakespearienne était un beau défi. Au cœur de ce décor minimaliste, je devais mettre en valeur les corps et les expressions des comédiens. La pièce présente de nombreux lieux et différentes temporalités, qui ont été un réel fil conducteur. Lorsque nous amenions le spectateur à observer à travers le regard de Léontes, la lumière accompagnait ce changement d'état. Cette montée en tension permettait de ressentir cette distorsion de la réalité, d'amener une part d'onirisme à ce conte élisabéthain.

distribution

Texte William Shakespeare
Traduction Bernard-Marie Koltès

Mise en scène et scénographie Sylvain Levitte
Collaboration artistique Clara Noël
Création lumière Juliette Besançon
Création son Olivier Renet
Création costume Sylvette Dequest
Régie générale et lumière Matthieu Marques

Avec Mariana Araoz, Simon Bakhouche, Yejin Choi, Alex Lawther, Paul Lofferon, Laurence Mayor et un enfant de la Maîtrise des Hauts de Seine

Production Compagnie les choses ont leurs secrets

Photo de couverture © Pierre Grosbois

Femme éclairée en latéral fait face à un homme de dos éclairé en contre
"Et pour toi, tyran, quels tourments as-tu imaginés ? Quelle roue ? Quel bûcher ?" © Pierre Grosbois

          Avec Le Conte d’hiver, nous désirons entrer encore plus profondément dans l’esprit et dans l’humanité d’un personnage de Shakespeare. Si on s’attache à chaque personnage shakespearien dès qu’on met en scène ses pièces, nous voulons, ici, explorer ce conte du point de vue même de l’un d’entre eux : Léontes, jeune roi d’environ vingt-cinq ans. Nous entrons dans sa perception du monde pour, petit à petit, voir à travers ses yeux, sentir ce qu’il sent et par-dessus tout voir ce qu’il imagine. Nous pénétrons sa conscience, ses visions, ses rêves. Le Conte d’hiver devient alors son conte, celui qu’il se raconte quand tout a été détruit. Par lui-même. Sa jalousie naît directement de son imagination. Le Conte d’hiver explore la frontière très fine entre la réalité et la perception que nous en avons, cette frontière entre la vérité et la fiction. Chaque perception du monde est unique, et c’est le drame de Léontes que de croire que sa perception du monde est la vérité. Comment un sentiment - la jalousie - peut-il être si puissant qu’il transforme sa rationalité ?

Sylvain Levitte

Six comédiens dansent de façon rapprochée, lumière froide très contrastée
"L'été n'est pas encore mort, l'hiver tremblant n'est pas encore né" © Pierre Grosbois
Trois personnes assises au bord d'une plateforme. Rampe à l'avant scène, enfant au lointain
"Trop chaud. Trop chaud. Ils poussent l'amitié trop loin." © Pierre Grosbois
Un couple danse un slow sous une guirlande lumineuse, quatre personnes les observent, ambiance nocturne
"Donne-moi ta main, Perdita : c'est ainsi que s'accouplent les tourterelles, pour ne plus jamais se quitter." © Pierre Grosbois
Deux comédiens sur une plateforme en béton, ambiance lumineuse froide, nuage de fumée
"Te voilà livrée à l'abandon et à ses conséquences. Je ne sais pas pleurer, mais mon coeur saigne." © Pierre Grosbois

           Les deux derniers actes, « seize années plus tard», nous emmènent en Bohème, au printemps de la nature, des amours. C’est un rêve, celui d’un roi meurtrier, dernier recours contre l’horreur, qui sert de fuite au présent. Léontes rêve sur les tombes de sa famille, dans le cimetière d’où naissent tous les fantasmes de renaissance, de résurrection : la Fête de la Tonte comme Fête des Morts, les amours des jeunes gens comme recommencement rêvé de sa propre histoire. Peut-être, Léontes s’invente-t-il un chemin vers le pardon, un rêve où ses personnages prennent leur liberté et semblent si vrais qu’on pourrait y croire. Un rêve où les personnes changent de visage au détour d’une ellipse. Jusqu’à la magie qui envahit les mots, les statues, jusqu’au temps qui s’annonce et se distord, comme dans les livres d’enfant.

Sylvain Levitte

Gros plan sur Alex Lawther, ambiance lumineuse chaude
"C'est un mauvais coup pour notre cœur que ce procès ; nous en éprouvons un immense chagrin." © Pierre Grosbois
Gros plan sur Yejin Choi, ambiance lumineuse froide et rouge
"Dispensez-vous de vos menaces, monsieur. Vous croyez m'effrayer par un cauchemar, mais j'y aspire." © Pierre Grosbois
Cinq comédiens sur une plateforme en béton, éclairage latéral froid
"Dehors, sorcière hystérique ! Sortez-la, sortez-la ! Maquerelle intrigante !" © Pierre Grosbois