Grand tissu en soie noire, étendu sur une scène de théâtre, femme assise au lointain, lumière froide en contre.

10 kg

Lau Nova / Antonella Amirante

2020
présentation

          C’est la voix de Lau Nova qui est portée sur le plateau, une mère courage qui raconte l’amour pour sa fille Charlotte devenue Amina. Un témoignage, une parole forte qui se livre pendant que sur la scène, le corps d’une jeune fille évolue à la recherche de son identité, d’un groupe qui la reconnaitra.

          Cette troisième création aux côtés d'Antonella Amirante m'a permis de me confronter une nouvelle fois à des problématiques sociales contemporaines. Basée sur une histoire vraie, la pièce nous fait entendre le récit d'une mère sur sa fille. A travers ses souvenirs, la scénographie, composée de différents tissus, se transforme. Les matières et les corps ont été de réels points d'accroche pour la lumière. Tantôt enveloppant, tantôt contrasté, j'ai tenté de faire vivre l'éclairage au rythme des événements traversés par cette famille. 

distribution

Texte Lau Nova
Mise en scène Antonella Amirante
Jeu Eva Blanchard, Karin Martin-Prével
Lumière  Juliette Besançon
Son Nicolas Maisse
Décor et costumes Alex Constantino
Administration Corinne Sarrasin
Diffusion Juliette Escalona

Compagnie Anteprima

Photo de couverture © Juliette Besançon

Femme sous un tissu élastique, elle penche sa tête en arrière, lumière rose latérale sculptante.
Femme sous un tissu élastique, elle lève sa main vers le haut, lumière rose latérale sculptante.
Femme sous un tissu élastique, visage visible par tension du tissu, lumière rose latérale sculptante.
Eva Blanchard dansant sous un tissu élastique © Juliette Besançon

           Livrer le récit de mon expérience de parent dans « Ma chère fille salafiste, radicalisée à 12 ans » était une première étape pour illustrer au travers du parcours inattendu de Charlotte l’émergence d’un fait social fort. Des enfants élevés au sein de notre société républicaine peuvent être attirés par les sirènes d’idéologies radicales et ainsi décider de tourner le dos à tous les composants de leur éducation. Pas seulement par une allégeance à un groupe radical violent, mais aussi par la soumission à un groupe d’approche plus « spirituelle ». Insidieusement, cette appartenance impacte des familles entières, déchirées par une polarisation du monde qui dresse les « eux » contre les « nous ». Il nous faut comprendre cette possibilité, la voir venir sans pour autant diaboliser la croyance, ne pas la nier et composer avec. Ainsi, je défends ce point de vue par mon engagement, parfois auprès des collégiens pour attirer leur attention sur la liberté de pensée, l’esprit critique menacés par des vendeurs de sommeil dont les intentions s’opposent à faire société ensemble dans la joie de nos différences.

Lau Nova

Femme qui prend dans ses bras une autre, longue robe en tissu noir, lumière froide.
Mère et fille avant la séparation © Juliette Besançon
Femme assise qui fait une vague avec un tissu de soie noire, lumière en contre, froide.
La vague © Juliette Besançon
Femme assise qui fait plusieurs vagues avec un tissu de soie noire, lumière en contre, froide.
Charlotte s'éloigne peu à peu des siens. © Juliette Besançon

          Lors de la création du spectacle 10 kg, nous avons expérimenté différentes corporalités. Un travail de corps pour dire au-delà des mots, quand les mots deviennent silence. Une multitude d’habits comme une multitude de peaux possibles pour affronter le monde… Et puis, du tissu, sombre, qui remplit l’espace jusqu’à tout envelopper et recouvrir le corps, les yeux, la pensée… Ce témoignage est la tentative d’une mère de comprendre le cheminement de sa fille Charlotte née en France dans un milieu aisé et athée. Aujourd’hui Charlotte vit à l’étranger, coupée de sa famille et de ses origines, son corps et son regard cachés sous un sitar, en compagnie de son mari polygame et de leur petite fille.

Antonella Amirante

Femme qui danse avec un tissu de soie noire, elle tourbillonne, lumière contrastée et bleutée.
Danse inspirée de Loïe Fuller © Juliette Besançon
Femme qui danse avec un tissu de soie noire, lumière contrastée et bleutée.
Le textile comme outil d'expression © Juliette Besançon
Femme qui danse avec un tissu de soie noire, il la recouvre complètement, lumière contrastée et bleutée.
Le tissu recouvre progressivement le corps, les yeux, la pensée. © Juliette Besançon

          L'objectif de l'espace et de l'approche du tissu dans l'ensemble du projet est de faire ressentir au spectateur les émotions qui s'échappent de l'approche d'un textile. A la fois attractif et répulsif, il peut être souple et violent, doux et cassant, fluide et étouffant. Il s'agit de montrer comment, par les multiples facettes de ses caractéristiques, le tissu se transforme et véhicule des émotions paradoxales. Dans l’agencement scénographique, la matière textile devient outil de propositions. Elle transforme, définit l'espace et délimite un cadre concret de réalité. La proposition est de confronter le spectateur à un objet qui lui paraît quotidien et si singulier dans sa propre vie. De questionner ce rapport qui touche chaque individu dans son intime, du lien vêtement et identité. Le vêtement est celui qui recouvre le corps dans une matière, qui le protège, qui le maintient mais aussi qui l'enferme. La recherche identitaire du personnage dans sa quête d'une nouvelle silhouette et d'une nouvelle pensée se traduira dans différentes propositions autour d'une approche textile personnelle et sensorielle.

Alex Costantino