
Et jamais nous ne serons séparés
Jon Fosse / Daniel Jeanneteau / Mammar Benranou
Que reste-t-il quand l’absence d’un être aimé défie le temps, la mémoire et la mort ? Et jamais nous ne serons séparés raconte l’histoire de ce manque à travers une intrigue aussi simple qu’étrange. Une femme, Elle, attend l’homme qu’elle aime, Lui. Il vient. Elle le retrouve avec joie, puis, l’instant d’après, ne le voit plus. Pourtant, il est là. Il revient plus tard, accompagné d’une jeune fille. Cette fois, c’est Elle qui semble s’effacer… Ces personnes sont-elles vraiment là ? Pourquoi semblent-elles parfois disparaître aux yeux des autres ? Sans jamais livrer d’explications, le dramaturge norvégien Jon Fosse déploie une écriture hypnotique à la musicalité troublante, brouillant les frontières entre présence et absence.
J'ai le privilège de travailler avec Daniel Jeanneteau depuis une dizaine d'années. A chaque nouveau projet, retrouver son esthétique et son regard exigeant est une chance. Aux côtés de Mammar Benranou, nous avons cherché à sculpter un espace mental grâce à la lumière. Nous nous sommes plongés dans cette pièce de Jon Fosse, véritable partition, dont le rythme a directement inspiré la conduite lumière.
Texte Jon Fosse
Traduction Terje Sinding
Mise en scène et scénographie Daniel Jeanneteau & Mammar Benranou
Avec Solène Arbel, Yann Boudaud & Dominique Reymond
Création lumières Juliette Besançon
Musique Olivier Pasquet
Costumes Olga Karpinsky
Construction décor Théo Jouffroy - Ateliers du Théâtre de Gennevilliers
Assistanat à la mise en scène stagiaire Juliette Carnat
Régie lumières Yi-Chieh Lin & Christophe Delarue
Photographies © Jean-Louis Fernandez

"Je suis seule Je dois rester seule"

"De toute façon il ne viendra pas Il a disparu comme dans la mort"

"Enfin tu es revenu Tu ne dois jamais me quitter"
"Aborder Jon Fosse aujourd’hui est pour nous le fruit d’une profonde nécessité. Comme une sorte de réponse à notre présent mutant et impérieux. Nous vivons tenus en joue par des urgences démesurées : sociales, politiques, écologiques, climatiques… Tous les champs de notre conscience sont occupés par ces inquiétudes, et c’est comme si l’intime perdait de sa place, ou de sa légitimité. Comme si la vie profonde devait se taire en temps de crise, et que nous n’avions plus les moyens ni le temps de l’éprouver, de nous y consacrer, de la vivre.
Cette pièce peu stylisée, imparfaite mais vibrante d’une émotion intense et complexe, et qui semble étrangement s’inventer au fil de son écriture, ouvre un espace d’introspection sensible aux infimes distorsions de la conscience. Elle nous fait subtilement ressentir une forme de drame existentiel commun à tous, silencieux et omniprésent, quelque chose comme la suspension de l’attente, l’inquiétude née de l’absence et l’affleurement permanent de l’absurde."
Daniel Jeanneteau et Mammar Benranou

"Il ne faut pas que tu me quittes Tu me manques tout le temps"

"Mais tu es là Et moi qui croyais que tu avais à jamais disparu"

"Allonge-toi de nouveau S'il te plaît"
"Dans un espace scénographique à l’épure ultra-contemporaine, où trois cadres photos emplis de noir symbolisent l’irréalité et l’universalité autant que la perte, les temporalités, qui ne tardent pas à se télescoper lorsque l’homme réapparaît en compagnie d’une jeune fille, sont subtilement signifiées par la création lumières toute en délicatesse de Juliette Besançon, et contribuent à offrir au texte une épaisseur, une profondeur et, pourrait-on presque oser, une clarté, qui le fait au moins partiellement échapper au strict et éternel retour du même. Sous la houlette des deux co-metteurs en scène, ce sont bien toute l’humanité et la pertinence du regard de Jon Fosse sur le fonctionnement intime des êtres, et leurs turbulences intérieures, qui éclatent au grand jour, et s’en trouvent sublimées."
Vincent Bouquet, sceneweb.fr, le 21/09/2025

"Mais je ne me plais pas ici J'ai un peu peur"

"Je ne comprends pas pourquoi il est si long"

"Je peux attendre Car la vie n'est qu'attente"
"Que reste-t-il lorsque l’absence d’un être cher défie le temps, la mémoire et la mort ? C’est cette question intime et universelle que pose Et jamais nous ne serons séparés, une œuvre hypnotique au langage musical et troublant signée Jon Fosse, dramaturge couronné par le prix Nobel de littérature.
À travers une intrigue à la fois simple et énigmatique, ce spectacle invite le spectateur à s’immerger dans un espace suspendu où la frontière entre le réel et l’imaginaire s’efface. Les metteurs en scène Daniel Jeanneteau et Mammar Benranou prolongent cette énigme, tissant un conte philosophique teinté de dystopie, où chaque silence et chaque geste racontent la puissance du manque."
Radio France, le 12/09/2025
La pièce vue par les créateur·rices de la lumière et du son
Juliette Besançon, créatrice lumière, et Olivier Pasquet, compositeur sonore, reviennent sur leur travail autour du spectacle Et jamais nous ne serons séparés de Jon Fosse, mis en scène par Daniel Jeanneteau et Mammar Benranou. À travers leurs regards croisés, les deux créateur·rices nous parlent des choix esthétiques et techniques qui ont façonné l'univers singulier de l'œuvre.